OUI, j'ai été une de ces nanas qui essayent de te fourguer un journal gratuit quand tu vas prendre le métro après une journée de travail ou que tu en ressors. Qui te font un grand sourire (la plupart du temps) et t'interpelle avec un "Machin chose, bonsoir" en te tendant leur journal, qu'il vente, qu'il neige, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau.
C'est un des premiers jobs que j'ai eu en tant qu'étudiante. Je recherchais un poste qui soit en adéquation avec mes horaires et j'ai vite trouvé ce job. La mission était simple : il fallait distribuer un journal gratuit à la sortie du métro, à raison de deux heures par jour. J'avais un quota de 600 journaux par soir, qui est monté jusqu'à 800 ou 900, il me semble. Ben oui, mieux tu travailles, plus tu as de journaux à distribuer...
Il n'est pas obligatoire de travailler tous les jours mais, en général, c'est mieux de travailler au moins trois ou quatre soirs sur cinq. Si tu travailles moins alors on te prend pour des remplacements, quand ils ont besoin de quelqu'un, mais tu as moins de garanties d'un poste fixe.
Distribuer des journaux, c'est facile ?
Concrètement, c'est pas bien difficile et même moi, qui ne suis pas speed, j'étais performante. L'important est d'être motivée, de faire son job avec énergie et de ne pas se laisser déstabiliser par : les gens et le temps.
Car non, tout le monde n'est pas aimable avec toi. Il y a ceux qui t'ignorent, passe encore. Ceux qui te la jouent style "je vais le prendre, ah non en fait ahah" et qui t'ont fait perdre ton temps. Ceux qui te traitent de sales capitalistes ou t'engueulent parce que des arbres ont été détruits pour produire le journal (mais tu crois que c'est moi qui les produit ? C***ard !). Ceux qui se montrent à la limite de l'agressivité. Tout ça, il faut être prêt à l'encaisser même si on rencontre beaucoup de gens sympas et qu'on a vite ses "habitués" qu'on attend tous les soirs.
Ma pire expérience : un mec m'a craché à la gueule un mégot de cigarette qui m'a brûlé à la gorge. Un mec à qui j'avais rien fait, à qui j'avais tendu avec un grand sourire mon journal sans me précipiter devant lui. J'ai été choquée... j'ai pu rentrer chez moi ce jour-là mais j'ai du INSISTER pour qu'on me change d'endroit ! Le patron n'avait pas daigné prendre de mes nouvelles, sympathique...
Le temps, c'est pareil. A moins d'une tempête de neige ou d'un déluge, tu travailleras. Même s'il fait froid, même s'il neige, même s'il pleut. En général, on bouge beaucoup donc ça aide à se réchauffer mais il y a des moments ou c'est vraiment difficile. En plus, les gants c'est pas possible parce qu'avec des gants, tu n'arrives pas à bien saisir les journaux.
Ma pire expérience : j'étais tellement frigorifiée un soir que même mon responsable super relou m'a dit de me réchauffer dans la station de métro et de ne retourner travailler que quand ça irait mieux. J'ai à peine travaillé ce jour-là, j'avais les mains bleues et j'ai traumatisé le petit nouveau qu'on avait mis avec moi en binôme.
Ça paye comment ?
Pas super bien mais pas trop mal non plus. Un peu plus qu'au SMIC. En travaillant 5 soirs par semaine et 4 soirs pendant les derniers mois, j'arrivais à m'en sortir, avec les bourses (400 euros) et l'APL (200 euros) à côté, avec un loyer de 450 euros.
Est-ce que je recommanderais ce job ?
Pour moi, être embauchée en tant que distributeur de journaux gratuits, c'est FA-CILE. Ils recrutent très souvent donc vous n'aurez probablement pas de mal à trouver si vous cherchez... mais ce n'est pas un job facile tous les jours.
Moi, c'est un job qui m'a épuisée au fur et à mesure. Quand ton chef te fait chier parce que t'es arrivée à 53 alors que tu devais arriver à 50 pour profiter de 10 minutes non payées pour te préparer à taffer pour pile (et que t'es jamais en retard et que t'étais prête à l'heure), quand tu finis souvent congelée à la fin du travail, que les gens te passent leur mauvaise humeur, à un moment tu commences à en avoir de plus en plus marre. C'est le coup du mégot de cigarette qui a été la goutte d'eau, j'ai arrêté de travailler quelques semaines après pour eux. Une révélation, je m'étais engueulée avec O., j'étais pas bien et je me suis dit "faut que j'arrête de faire ce taf". Je le sentais pas, j'étais pas bien et dés que j'ai démissionné, je me suis sentie bien. Un peu comme quand j'ai flippé à deux jours de mon tatouage, que j'étais pas bien du tout et que quand j'ai décidé de ne pas le faire, je me suis sentie soulagée.
Aujourd'hui, je ne pourrais plus le refaire... mais ça reste une bonne expérience dans le sens ou ça m'a aidé à démarrer dans la vie active et que je n'ai pas du galérer pour trouver du travail. J'y pense et du coup, quand un mec me tend son journal, si je peux, je lui prends. Je lui en prends même dix quand c'est possible. Je souris toujours, je dis "merci", "bon courage", j'essaye d'être comme ces gens qui ont été agréables avec moi et qui arrivaient à me faire oublier qu'un connard venait de m'insulter cinq minutes auparavant. Bon, d'accord, y'a des fois, je suis chargée ou pas de super humeur, mais la plupart du temps, j'essaye d'être cool... parce qu'ils ont pas un travail cool et qu'il faut du courage pour le faire.
Et vous, quel est le job étudiant le plus difficile que vous ayez fait ? Quel est celui que vous recommanderiez ?