Quand il a fallu choisir un livre pour le challenge Price Minister, je n’ai
pas hésité longtemps à opter pour le nouveau livre de plus de 600 pages
« Une place à prendre » de J.K. Rowling. J’avais adoré plonger dans
l’univers fantastique de Harry Potter et même si je savais que le ton serait
différent, je ne craignais pas d’être déçue par celle qui m’avait fait rêver
alors que j’étais au collège.
Photo : Terrafemina.com |
Première impression : ça fait pas envie tout ça
Pourtant, s’il n’avait pas été de J.K. Rowling, je n’aurais pas choisi « Une
place à prendre » à la lecture de sa quatrième de couverture.
L’histoire se passe dans un village d’Angleterre nommé Pagford. C’est un
peu le village typique, tout le monde (ou presque) s’y connait et les ragots
vont bon train.
La ville est en partie dirigée par un conseil qui se divise en deux
« partis » : les pro et les contre « Champs ».
« Les Champs », c’est un peu la face « HLM » de la
ville, une cité, un centre de désintox’, un endroit qui coûte cher à
Pagford. C’est aussi le nœud de pouvoir qui est le plus mis en avant : en
mourant, Barry Fairbrother laisse « une place à prendre » dans le
conseil mais surtout l’opportunité pour l’un des deux camps de garder ou de
reprendre la main.
Oui. Bon. D’accord… pas très affriolant tout ça. Mais bon, j’ai voulu
tenter l’aventure et en plus, j’aime bien les gros livres. Je sais que je vais
en avoir pour longtemps, je préfère ça à des livres de 100 pages vite expédiés.
Premiers chapitres : des personnages et un contexte riche en détails
Les premières pages, chapitres, sont riches en détails. On pose les
personnages, le contexte, les nœuds de pouvoir… et si tout cela manque
d’action, j’ai été frappée par le talent de J.K. Rowling à proposer une galerie
de personnages aussi différent les uns des autres. Au fur et à mesure qu’on
fait connaissance avec Howard, Maureen, Miles, Samantha, Krystal, Gavin, Kay… à
aucun moment, on a l’impression de répétitions. Avec ses détails, la façon de
les décrire, leur façon de se comporter, J.K. Rowling arrive à nous dresser le
portrait de personnages et d’une société dans leur plus grande diversité.
Plus l’histoire avance et plus on découvre le visage caché des personnages,
leurs mesquineries, leurs magouilles. Et tandis que les adultes sont occupés à
s’allier ou à se détester, leurs adolescents sont tour à tour victimes,
témoins, bourreaux. Quand ils ne payent pas les faiblesses de leurs parents,
ils se rebellent, se liguent contre eux. Ils vont jouer un rôle important dans
l’intrigue sans vraiment s’en rendre compte.
Source : http://community.sparknotes.com/2012/10/05/the-4-people-you-meet-in-pagford |
Du côté des Champs, la famille Weedon joue tour à tour le rôle de
catalyseur, d’argument en faveur ou contre cette « cité HLM ». Terri,
mère indigne et toxicomane qui tente de garder tant bien que mal le contrôle,
Krystal élève violente tantôt symbole de réussite ou d’échec social, Robbie,
gosse de trois ans et demi balloté entre une mère qui veut à tout prix le
garder sans savoir s’en occuper et une sœur qui le materne sans avoir la
carrure d’une mère. Ils interviennent tous à un moment ou à un autre dans la
vie de ces Pagfordiens, aussi bien dans celles de ceux qui défendent les Champs
que dans ses adversaires et pourtant… Au final, ce sont les seuls personnages
qui ne se retrouvent pas « happés » par la course au pouvoir.
Petit décrochage en milieu de roman
Aux ¾ du roman, tout est posé : les personnages, leurs rapports, le
contexte, et même si l’intrigue va crescendo, on se demande ou elle va nous
mener. Il y a un moment ou oui, je me suis dit : mais à quoi ça rime tout
ça ? Je n’arrivais pas à savoir comment J.K. Rowling allait conclure tout
ça et j’aurais pu très bien décrocher là sans réelle frustration.
Mais peu à peu, l’étau se resserre, les micro-intrigues s’emboitent et
viennent se rejoindre. On voit enfin l’issue vers laquelle les personnages se
dirigent, on comprend qu’un drame est en marche, on en voit les contours,
on se dit « alors, ça y est ? ». A la fin, j’en retiens des gens
tellement occupés à se détester et à vouloir garder le pouvoir qu’ils en
oublient pourquoi ils se battent. Une lutte de pouvoir, plutôt qu’un combat
pour une cause. Mais on n’arrive pas pour autant à les détester parce qu’au
final, on reconnait en eux la faiblesse dont chacun peut faire preuve, le mensonge,
la dissimulation, les angoisses…
Et à la fin ?
Je n’ai pas été passionnée par ce roman même si je l’ai fini en pleurant à
chaudes larmes. Mais j’ai beaucoup aimé la façon dont J.K. Rowling a su dresser
le portrait d’un village et les luttes de pouvoirs qui avaient cours. C’est un
livre qui m’a semblé très bien écrit même s’il souffre parfois de longueurs et
d’un certain manque d’actions.
Je regrette toutefois que les adolescents aient été au second plan, j’ai
l’impression que J.K. Rowling a manqué un truc avec eux. En fait, je crois que
j’aurais préféré qu’ils soient les narrateurs plutôt que les spectateurs mais
c’est peut-être mon côté immature qui parle.
Est-ce que c’est un livre comme Harry Potter ? Certainement pas.
Est-ce que c’est un mauvais livre ? Probablement pas. Simplement, je pense
que la plupart des critiques négatives sur ce livre sont davantage liées à ce
qu’on en attendait qu’à ce qu’il est. On sent que J.K. Rowling a voulu
exploiter à fond un autre genre et au final, même si c’est parfois maladroit, j’ai
aimé découvrir « ou elle voulait en venir ».
Pour la note, je lui donnerais un 13/20, parce qu'au collège, c'est ce qu'on met quand on veut dire "bon travail avec plein de bons éléments mais aurait pu faire bien mieux " :)
Merci à Price Minister pour ce challenge très sympa !
1 petits nuages:
Un très bel article !! Merci !
Enregistrer un commentaire