Des patrons, j’en ai vu et ils m’en ont fait voir de toutes les couleurs. Mais je crois que cette patronne-là me restera toujours un peu en travers de la gorge, niveau émotionnel. Je sortais d’un stage qui s’était mal passé parce que je ne m’entendais pas, en partie, avec ma responsable (promis, je suis gentille en vrai). Je suis donc arrivée dans cette entreprise pour un stage de deux mois, avec un peu d’appréhensions.
Comment ma patronne m'a pris sous son aile
Je ne saurais plus dire comment ça s’est passé mais il se trouve que j’ai sympathisé avec ma patronne. Elle finissait souvent tard tout comme moi et me ramenait donc en ville. Un jour, je lui disais qu’il fallait que je rachète de la vaisselle, le lendemain elle m’en ramenait en me disant que « ça restait dans un coin, ça date de mes années d’étudiante ». Idem pour les blousons d’hiver ou d’autres choses.
Lunatique, capable d’être très souriante comme distante parfois, mais surtout capable d’être très dure dans ses propos en cas de problèmes, elle n’était pas toujours facile à vivre. Je respectais ça et même si les mots étaient parfois poussés, j’acceptais car elle était juste, dans ses reproches comme dans ses compliments. Je connaissais aussi certains de ses soucis personnels comme elle connaissait certains des miens. Pas vraiment amie, elle m’a néanmoins un peu prise sous son aile.
Embauchée en apprentissage, j’ai travaillé là-bas deux ans et je n’étais pas sans défauts professionnels. J’ai fait des oublis, manqué d’attention, et même si j’étais parfaite dans la fonction avec laquelle j’étais rentrée dans l’entreprise, je n’étais que moyenne pour celle que j’occupais en tant qu’apprentie, ce n’était pas tout à fait ma voie. J’étais tout de même appréciée, avec mes défauts, même si ça m’a valu pas mal de réprimandes.
Comment tout ça a déraillé
Je crois que les choses ont mal tourné quand une nouvelle stagiaire censée m’assister et me remplacer à mon départ est arrivée. Plus joviale, fraîche et surtout plus rigoureuse, elle a vite été appréciée. De mon côté, j’étais un peu en perte d’énergie et j’ai relâché mes efforts en fin de contrat avant de me reprendre… trop tard ? De plus, ça me faisait du bien d'avoir une "jeune" dans une équipe à moyenne d'âge 40 ans, d'avoir une véritable complice, et peut-être aussi que ça n'a pas été très bien vu.
De juste, elle est passée à la limite du harcèlement et les limites ont été dépassées durant l’événement que nous gérions. Deux semaines pendant lesquelles elle ne m’a pas lâchée, me reprochant la moindre erreur, m’accusant d’ingratitude et de ne plus en avoir rien à faire de l’entreprise maintenant que j’en partais. Epuisée, j’avais l’impression que personne ne se rendait compte que je travaillais matin et soir très dur pour que l’organisation se passe comme prévu car un prestataire nous avait fait défaut. Du côté de la stagiaire, elle a fait une grosse bêtise, elle savait qu'elle ne serait pas embauchée et elle a eu aussi à subir la dureté de ma patronne.
Je suis partie de l’entreprise un peu triste mais surtout amère. J'avais passé deux ans dans cette entreprise avec certains sacrifices. J'ai pris souvent sur ma vie personnelle, j'ai aussi essayé d'apporter de bonnes choses et je pense les avoir lancés sur certaines choses qu'ils ne gèrent toujours pas parfaitement sans moi. Plus tard, j'apprenais que ma boss était enceinte de deux mois au moment ou je suis partie. Ceci expliquant sûrement en partie son attitude insupportable mais ne rendant pas la chose totalement acceptable.
Aujourd’hui, on s’envoie parfois quelques mails et je reste partagée entre l’amertume et l’attachement. Pendant presque deux ans, elle a été un soutien qui m’a formée, aidée, accompagnée. J’ai toujours admiré son indépendance, sa force de caractère, son ambition, probablement parce que cela faisait écho à ma propre personnalité. Mais ce dernier mois avec elle a tout gâché, je lui en veux encore pour son acharnement, son attitude injuste, son « rejet »… Après m'avoir prise sous son aile, elle me traitait comme le vilain petit canard et je crois que je lui en voudrais toujours un peu et à me demander quelles sont les raisons de son déchainement. Depuis, j'ai eu deux boss avec qui ça s'est bien passé : amicaux, sympas, mais sans débordement personnel. C'est différent... mais c'est mieux comme ça, je pense. Non ?